Le 17 octobre, une manifestation à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère a eu lieu au pied de la Tour Eiffel. L’association ATD Quart Monde, organisatrice, avait invité les responsables du Club ACE de Gennevilliers à prendre la parole. Les participants ont également eu la chance d’entendre une allocution de Mohammad Yunnus, le « banquier des pauvres », fervent soutient du financement de ceux que les grandes banques ne veulent pas financer.
La soirée était animée par Michel Besse, engagé à ATD Quart monde et fondateur de l’ACE à Gennevilliers. La présidente du mouvement ATD, Claire Hédon a rappelé que « cette année était particulière puisque marquée par le trentième anniversaire de la création de la CIDE. Trois millions d’enfants vivent ainsi dans des conditions très difficiles. Il y a l’angoisse du lendemain qui tenaille leurs parents… et la honte de recourir à l’aide alimentaire… Tous ces enfants portent des charges bien lourdes pour eux. La pauvreté impacte aussi le développement des enfants, les pénalise dès le plus jeune âge…
Cette année, il nous faut rappeler toute la série des droits qui leur sont reconnus. Ce combat il nous faut le mener à leurs côtés pour faire respecter leurs droits… à une éducation de qualité, l’accès aux soins, de manger sainement, de vivre dans un environnement sain, dans des quartiers où on respire bien…
Muhammad Yunus, le « banquier des pauvres » bien connu pour pratiquer le micro-crédit et Prix Nobel de la Paix 2006 a pris la parole :
« Avec la crise climatique actuelle, le futur des enfants n’est pas assuré. Nous ne leur assurons pas le droit à la vie. Nous ne sommes pas capables de garantir la protection de la planète et je lutte pour toucher aux modèles économiques actuels et les améliorer. Si nous prenons toujours la même direction, nous arrivons toujours à la même destination. Nous devons créer de nouvelles routes maintenant. Je demande aux grands-parents : quelle sorte de monde vont ils laisser à leurs petits-enfants ? Alors il faut travailler à ça. »
Enfin, ce fut le tour des responsables du club ACE de Gennevilliers « Les étoiles ».
Voici leur discours :
« Nous, Annie-Sandrine, Gabriella et Andrea, avons entre 16 et 20 ans et sommes passionnées par le monde des enfants. Nous sommes engagées dans un club d’enfants de notre paroisse.
Pour nous, c’est très important cet engagement car nous voulons que tous les enfants puissent jouer, développer leurs talents, s’épanouir, réaliser leurs rêves, et s’ouvrir au monde.
Pour attirer l’attention des enfants, Gabriella s’est déguisée en oiseau et a invité tous les enfants à venir s’inscrire pour participer au club et recevoir la revue ACE. Plein d’enfants sont venus. À la fin de l’animation, une maman dit : « J’aimerais bien inscrire mon enfant, mais je ne peux pas car on ne peut pas recevoir de courrier parce qu’on est hébergé dans un foyer par une association. » Les autres enfants ont dit : « Nous voulons qu’il joue avec nous, il vit ici, il habite ici, alors il joue ici. »
Nous connaissons bien cette situation pour l’avoir vécue, être hébergé chez les uns et les autres, dans la famille, par des associations, par le 115 et nous vivons encore des situations difficiles. Alors nous l’avons inscrit.
Pour nous, c’était important qu’il fasse partie du club pour qu’il puisse être avec d’autres enfants, qu’il s’amuse comme tous les enfants de son âge et qu’il ne se sente pas seul. Car tous les enfants naissent libres et égaux en droits.
Par ailleurs, pour qu’il puisse recevoir la revue, nous nous sommes relayées pour la lui apporter, mais on ne pouvait pas la lui donner en main propre, nous devions la laisser à l’assistante sociale à l’entrée du foyer. Depuis, Maxwell vient régulièrement au club, il participe à toutes les activités, il s’amuse avec tout le monde et il a fait venir sa grande sœur pour qu’elle soutienne le club et devienne animatrice, ainsi la famille s’est agrandie.
Quand on n’a pas de logement et qu’on est hébergé par le 115, on déménage à tout moment et c’est très difficile d’avoir des amis. Pourtant c’est essentiel pour bien grandir et éviter la solitude.
Nous sommes fières de pouvoir participer à quelque chose de grand et de beau, les enfants ont besoin d’espace comme le club pour sourire, être heureux, renforcer la solidarité entre eux et bien vivre ensemble. »
Voici le texte de la chanson de Jacques Brel chanté par la chorale de la Filière du Conservatoire de Paris.
Paroles de Jacques BREL
Musique de Gerard JOUANNEST
Un enfant
Ça vous décroche un rêve
Ça le porte à ses lèvres
Et ça part en chantant
Un enfant
Avec un peu de chance
Ça entend le silence
Et ça pleure des diamants
Et ça rit à n’en savoir que faire
Et ça pleure en nous voyant pleurer
Ça s’endort de l’or sous les paupières
Et ça dort pour mieux nous faire rêver
Un enfant
Ça écoute le merle
Qui dépose ses perles
Sur la portée du vent
Un enfant
C’est le dernier poète
D’un monde qui s’entête
A vouloir devenir grand
Et ça demande si les nuages ont des ailes
Et ça s’inquiète d’une neige tombée
Et ça croit que nous sommes fidèles
Et ça se doute qu’il n’y a plus de fées
Mais un enfant
Et nous fuyons l’enfance
Un enfant
Et nous voilà passants
Un enfant
Et nous voilà patience
Un enfant