L’Action Catholique des Enfants (ACE) croit depuis son origine que l’enfant est capable de s’exprimer et d’agir sur des sujets qui le concernent. L’enfant n’est pas seulement un être en devenir. Il est un être à part entière et un sujet de droits, capable de s’organiser et d’agir avec d’autres.
Chaque enfant est unique et doit être respecté dans son originalité. Son rythme, en fonction de son âge, son caractère et sa maturité, doit être pris en compte. L’ACE donne la place, l’espace et le temps à chacun de vivre sa propre évolution harmonieuse avec le groupe.
Elle croit que chaque enfant est curieux, aspire à vivre en paix, solidaire et heureux.
L’enfant a aussi besoin de lieux sans compétition ; de temps “pour rien” pour souffler, réfléchir, se poser, jouer, rêver et grandir.
L’amitié vécue en club : un socle pour grandir
L’amitié est une valeur fondamentale de l’ACE. Marie-Julie Subervie, chargée de la pédagogie, nous explique comment elle se vit et comment elle permet à l’enfant de se construire.
En ACE, chaque enfant est accueilli comme un être unique. Il y est respecté, comme il est, et chacune de ses paroles a du prix. Comme nous l’affirme Laura, 9 ans : « Pour moi, l’ACE représente l’amitié. Tout le monde peut venir à l’ACE ! ». Les enfants et les jeunes adoptent la bienveillance et l’ouverture à l’autre qui n’est pas comme eux par son origine sociale, ethnique, culturelle, économique, religieuse, son handicap, etc. Certains clubs invitent des enfants migrants primo-arrivants, des copains d’autres confessions religieuses, sans filtre ni jugement. Ils s’intéressent à ces différences et en font une force. Ils font confiance aux copains et prennent ainsi confiance en eux.
Vivre ensemble et faire ensemble
En ACE, ils expérimentent le vivre ensemble dans la paix et apprennent à résoudre les conflits grâce au dialogue ou à d’autres formes d’expression libre comme le dessin pour les plus jeunes, la peinture ou le théâtre.
Dans les projets menés ensemble se vivent couramment des temps de partage culturel, interreligieux… Les enfants n’ont pas de barrières, ils sont authentiques dans leur soif de découverte des différents rites, fêtes et croyances. La recette de cuisine de l’amitié, écrite par un club du Haut-Rhin, témoigne de cette richesse dans le partage : « Mélanger les enfants de toutes cultures et de toutes religions. Ajouter aimablement toutes nos idées de club. Partager ensemble et parler de notre semaine et de notre foi. […] ».
Avec les copains, explorer le monde
Les enfants, entourés de leurs copains, sont confiants et vont à la rencontre des autres – dans le quartier, à la paroisse, etc. – sans crainte. Ils expriment souvent la volonté d’aider les autres, notamment les plus démunis ou les seniors, en faisant des collectes, en soutenant d’autres associations…
Ils s’ouvrent au monde et s’approprient leurs lieux de vie. Pour Miléna du club de la Moustey dans les Landes, l’amitié c’est aussi « aider les SDF et tous ceux qui ont besoin d’aide ». L’amitié permet aux enfants d’être plus aventuriers, d’oser avancer… et ainsi de s’épanouir. « L’amitié c’est magique ! Il faut aller au bout de ses envies. Faire des choses que l’on aime. Partir à l’aventure et tenter l’impossible ! » écrit Hélène du club de la Fleur Arc-en-ciel en Vendée.
Relire les expériences vécues
La relecture après chaque activité ou temps forts vécu permet aux plus grands de prendre conscience des transformations qui se sont opérées en eux et dans leurs relations aux autres. En club, ils développent un espace intérieur qui peut les ouvrir à une réalité plus grande qu’eux. C’est ainsi qu’ils grandissent et s’épanouissent les uns avec et grâce aux autres !
La vision du Père Gaston Courtois en deux points
« Pour l’enfant, le jeu est la chose la plus sérieuse qui soit au monde, on pourrait presque dire son occupation essentielle. »
écrivait Gaston Courtois dans L’art d’élever des enfants. Le jeu, c’était l’activité principale des Cœurs vaillants et âmes vaillantes comme c’est celle aujourd’hui de l’ACE. Mais à la lecture des écrits du Père Courtois, il apparaît que ce dernier avait une idée claire et novatrice de ce que pouvait être plus largement l’éducation d‘un enfant.
Considérer la personnalité de l’enfant comme unique
L’enfant n’est pas un «adulte en réduction », mais un être original, obéissant à des lois propres. Selon Gaston Courtois, « nous n’avons pas à modeler l’enfant d’une manière uniforme : tous dans le même moule (…) mais à aider l’enfant à s’épanouir au maximum selon ce que Dieu attend de lui et selon les possibilités qu’il a mises en lui. » (in La formation personnelle dans le mouvement CVAV) Mais si l’enfant a ses propres talents et sa propre personnalité, « l’enfant ne se formera pas tout seul. Dieu a voulu qu’il naisse et qu’il grandisse au sein de la cellule éducatrice par excellence : la famille. La famille a généralement besoin d’être aidée par des collaborateurs (…) » Il est important que les responsables de groupe connaissent l’enfant : « Sachez trouver dans chaque enfant la corde à faire vibrer… (…) Il ne suffit pas de connaître l’enfant en général, il faut connaître chaque enfant en particulier.»
Rendre l’enfant acteur et responsable avec la pédagogie active
Gaston Courtois promouvait la pédagogie active dont le principe était de faire collaborer l’enfant à sa formation en tenant compte de ses conditions de vie. Selon lui, « l’éducateur cherche avec les enfants ce qu’on pourrait bien faire, quitte à mettre son véto si leur proposition est dangereuse. » Le but de cette pédagogie est d’apprendre à l’enfant à agir de façon libre et responsable. Il encourageait ainsi ses chefs : « Dose leur part de collaboration à leurs possibilités et fais croître peu à peu cette part, en les encourageant et en les guidant, et en acceptant qu’ils se trompent quelquefois. Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent jamais. »