Pris dans le tourbillon de la vie, de l’immédiateté et de la phrase qui percute, nous nous étourdissons souvent de paroles et de gestes inutiles. Nous embarquons avec nous nos enfants dans cette course folle, qui empêche de voir, de goûter et de profiter du moment présent.
Un jour, un petit garçon questionné sur le super-pouvoir qu’il aimerait avoir, déclara : « Si c’était possible, j’aimerais appuyer sur pause. J’aimerais que le monde se fige et que tout soit immobile pour faire les mille choses que j’ai à faire. » Il énuméra tout un tas d’activités, telles que dessiner, aller à la piscine, regarder la télévision, dormir aussi et quand il eut terminé sa liste, il ajouta « Et s’il me reste encore un peu de temps, avant que la vie ne reprenne comme avant, j’irai me coucher dans l’herbe pour observer les nuages. »
Savoir prendre le temps pour sauver l’éphémère
Savons-nous aujourd’hui prendre le temps de regarder les nuages ? C’est un spectacle unique qui peut donner lieu à bien des spéculations lorsque l’on s’amuse à deviner tel personnage ou tel animal dans un cumulonimbus. Il nous faut apprendre à « sauver l’éphémère et la chose passagère », pour reprendre l’expression du poète Christian Bobin. Observer une colonie de fourmis, savourer un plat préparé ensemble, s’émerveiller devant la chute des flocons de neige, toutes ces choses qui n’ont l’air de rien et qui agissent au fondement de notre humanité. Il y a, de notre part à nous adultes, un effort à faire pour renoncer au programme établi, à l’activité que nous voulions mener, pour accueillir l’imprévu et laisser une place à la contemplation.
Différer sa parole
Refuser l’immédiateté c’est aussi apprendre à différer sa parole, et laisser la réflexion cohabitée avec le silence. De nombreux jeux, tels que « le roi du silence » ou la circulation d’un « bâton de la parole » au cours d’un partage, vont permettre de diminuer le flux des interventions de tous sur tout. Le bruit, voire le brouhaha, même s’ils peuvent prendre la forme d’un bazar joyeux, fatiguent les enfants. Apprendre à s’écouter c’est aussi donner la chance aux plus réservés de prendre leur place dans une discussion apaisée. Lorsque l’on retient les mots à l’écrit, on en facilite la relecture. On privilégie la réflexion plutôt que la réaction.
Imposer un temps long
On a coutume de dire que les enfants ont des difficultés à s’inscrire dans la durée et n’aiment pas les activités qui durent trop longtemps. On sait, par exemple, que les plus petits ont besoin de changer d’occupations souvent pour ne pas perdre en motivation et en concentration. Cependant, dès que l’on s’adresse à des plus grands, on peut imaginer ensemble un projet qui durera sur plusieurs semaines et sur lequel on reviendra à chaque rencontre. Sans y consacrer trop de temps, il permettra de revenir sur ce que l’on a fait la dernière fois, ce que l’on a découvert et ce vers quoi on va tendre pour l’améliorer. La régularité favorise la maturation des idées. Il faut remettre de la longueur dans nos activités pour oxygéner notre esprit et lui donner l’occasion du vagabondage.
Comment vraiment prendre le temps ?
Le carnet « 70 idées pour prendre le temps » est un bon support pour proposer aux enfants des activités qui vont permettre de ralentir le rythme. Méditations, dégustations et bricolages vont aider les enfants à s’extraire des routines et précipitations du quotidien.
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