Les enfants votent toujours pour la fraternité !

Nous voici à la veille d’élections qui vont être décisives pour notre pays et pour tous ses habitants. En d’autres temps, nous sommes restés sur la réserve, refusant d’exprimer une parole trop explicite pour dire notre aspiration à une société plus juste et plus fraternelle pour tous les enfants de l’ACE et leurs proches. Mais le contexte actuel pousse aujourd’hui l’Action Catholique des Enfants à aller plus loin et à manifester, par la participation à divers collectifs et la signature de tribunes associatives, notre refus catégorique de l’extrême-droite et de l’idéologie mortifère qu’elle véhicule.

En tant que mouvement d’enfants riche de la diversité des origines et des cultures de ses membres, en tant qu’association d’éducation populaire, forte de l’engagement militant de beaucoup de ses adhérents en faveur du vivre-ensemble, en tant que mouvement d’Église et chrétiens, mus par l’évangile, nous sommes très inquiets. Les valeurs de l’extrême-droite viennent percuter de plein fouet les nôtres, menaçant tant notre fonctionnement que la vie des enfants, souvent issus de l’immigration et en situation de précarité.

Sans être partisane, l’ACE ne peut rester neutre face à la menace d’un gouvernement prônant la préférence nationale, le droit du sang et la répression systématique. Ce n’est pas le projet que Dieu a pour l’homme. Ce n’est pas un projet compatible avec celui de l’ACE qui a toujours été un acteur de transformation sociale dans son histoire, luttant pour la défense et la promotion des droits de l’enfant, contre les discriminations et les injustices, pour l’émancipation et le développement du pouvoir d’agir des enfants et de leurs familles.

Nous ne sommes membres d’aucun parti politique. Notre parti est celui de l’évangile, du dialogue interreligieux, interconvictionnel et interculturel, celui de la fraternité. Et ce sont encore les enfants qui en parlent le mieux !

« Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli. » (Mt 25,35) Ce n’est pas une valeur, c’est constitutif de mon baptême. Ne pas le mettre en œuvre m’empêche de rencontrer le Christ. Celui qui ne veut pas le vivre ne peut m’appeler à l’élire. Je dois inviter mes amis à ne pas voter pour lui. »

Yves Brisciano, diacre et membre de l’ENAD

Au nom de mon engagement en ACE, je souhaite partager mes inquiétudes avant les élections. En club, les enfants apprennent à vivre ensemble avec leurs différences comme des richesses. L’interculturel : les 5 enfants de mon club sont d’origines étrangères. Ils invitent des copains d’autres religions car comme ils l’ont dit, « on est tous frères ».
Nous apprenons le respect, la solidarité, le débat, à ouvrir notre regard et notre coeur.
Si le Rassemblement national gagne les élections, que vais-je dire à Pedro, Tania, Eliot, André et David ? Qu’ils n’ont plus leur place en France au même titre que leurs copains ? Qu’ils doivent oublier les valeurs que nous avons partagées ?
Oui j’ai peur pour eux, pour leurs familles et pour tous les enfants qui comme eux, grâce à l’ACE et à d’autres mouvements nous permettent à nous aussi de vivre l’Évangile. Depuis les élections européennes, j’ai reçu plusieurs témoignages de personnes victimes de paroles ou gestes racistes comme si les résultats avaient décomplexé cette haine de l’autre.
Ce n’est pas avec ces valeurs que j’ai été élevée ni aimée, et ce n’est pas dans cette France que je veux vivre.

Emmanuelle Bourlon, responsable de club dans le Val-de-Marne