Le clown qui nait de la relation à son public manifeste notre relation à Dieu et aux autres

Le clown n’est peut-être pas tout à fait celui dont nous nous souvenons. Si l’image du personnage burlesque incontournable dans les cirques est présente dans toutes les mémoires, le clown auquel nous nous intéressons ici est différent. Le clown de théâtre ne vit que par sa relation au public. Il manifeste ainsi la personne humaine dans sa relation aux autres, et dans sa relation à Dieu son créateur.
Le père jésuite Hervé Le Houerou a co-animé des stages Clown et foi. Il nous explique ce que « faire le clown » peut apporter aux personnes.

Le clown pour se recevoir de la relation à l’autre : une expérience chrétienne

Le père Hervé le Houerou a découvert le clown il y a quelques années, en co-animant des stages avec l’association chrétienne Clown par foi de Philippe Rousseaux. Il nous explique qui est ce clown d’un nouveau genre : « Le clown qui est proposé aux stagiaires n’est pas le personnage burlesque qui faisait du remplissage dans un cirque pour mettre en valeur les autres : équilibristes, jongleurs… Le clown de cirque ne se nourrit pas de son public, il joue un personnage pré déterminé. Le clown de théâtre paradoxalement n’est pas acteur. Il se reçoit intégralement de la rencontre. Il ne peut exister que par elle » C’est l’artiste Jacques Lecoq, décédé il y a 23 ans, qui a développé cette nouvelle posture de clown.

Le clown de théâtre nait de la rencontre avec son public

Contrairement à l’acteur qui a répété et joué son texte de nombreuses fois, le clown n’a pas de texte préparé à l’avance. Il ne s’agit pas de se mettre dans la peau d’un personnage mais de changer de position radicalement. C’est de l’improvisation complète guidée par le public nous explique Hervé Le Houerou : « Le clown arrive devant des spectateurs, un peu à nu, sans sécurité, avec son nez comme seul accessoire. Il est à la fois vulnérable comme en mode sans échec. En effet, ce qui dans la vie ordinaire est considéré comme erreur, ratage, maladresse devient ici l’unique richesse sur laquelle s’appuyer. Seul face à la salle, en réponse aux réactions du public, il ose au contraire amplifier ses inaptitudes. Ce qui semble être un obstacle s’avère donc être le moyen de se révéler. La salle est allumée, ce qui permet de voir le public et de favoriser la rencontre avec lui. » La rencontre fait vivre le clown et lui confère alors une dimension spirituelle en se recevant totalement des autres… de l’Autre. 

Celui qui joue le clown doit consentir à se recevoir des autres, et à s’abandonner

Le jeu du clown consiste à improviser avec ce qui est donné par les spectateurs. Bref, il a radicalement besoin des autres. Il manifeste en cela l’anthropologie chrétienne : l’homme est un être de relation. Sa première relation était celle à Dieu qui l’a créé. La posture du clown permet ainsi de vivre à la fois une pauvreté radicale et une richesse, à condition d’être attentif à l’autre, de consentir à se dévoiler et à s’abandonner à lui. Le Père Hervé apporte une expérience : « J’ai vu des personnes qui étaient dans le refus de se donner. Elles s’imaginaient que cela ne se voyait pas ! Pourtant, c’était criant qu’elles n’accueillaient cette relation au public, et qu’elles avaient des peurs : peur de l’échec, peur de mourir. C’est dommage car dans l’accueil, des choses incroyables se passent. Et c’est dans cet abandon, ses erreurs, ses failles, qu’on reçoit la vie. » Accepter de consentir au clown, c’est aussi croire que l’on est beau. C’est un véritable acte de foi.

Le clown pour faire prendre conscience à l’enfant de l’être relationnel qu’il est

Mais alors, ce clown-là peut-il apporter quelque chose aux enfants ? « Je n’ai jamais vécu moi-même une expérience de clown avec des enfants. Mais j’imagine pourtant que cela peut leur apporter. Dès les premières années de leur vie, les enfants revêtent une apparence et cultivent leur égo. Ce peut être intéressant pour eux de prendre conscience de ce qui est de la carapace, de ce qui génère des peurs. D’une certaine façon, les enfants vivent cela dans le rapport à leurs parents : ils se reçoivent d’eux ; progressivement ils changent avec les nouvelles relations et les relations avec leurs parents changent. Sur un plan de catéchétique, cela peut aider à vivre une relation à Dieu. Dans tous les cas, comme pour tout ce qui fait vivre des émotions, la relecture est essentielle. »


Cliquez ICI pour en savoir plus sur la pédagogie du clown vécue dans les stages proposés par Philippe Rousseaux 


Cette pratique artistique, qu’est le clown théâtre, fait écho à la résolution des enfants qui souhaitent explorer les beautés du monde et par là-même la grande diversité des arts.
Le grand-jeu de rentrée « Ma vie d’artiste » leur propose d’explorer notamment la peinture, le travail de l’argile, la poésie et l’expression corporelle.

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