Nous vous partageons ici le texte de la visioconférence donnée par Michel DAMADE, pédopsychiatre, au mois de novembre 2020. Il est interrogé par Marie-Julie SUBERVIE, chargée de la pédagogie à la fédération nationale de l’ACE.
ACE – La question de la place des écrans dans la vie des enfants est aujourd’hui omniprésente dans les débats de société. Notamment avec l’apparition de la génération des Millennials, autrement appelés les digital natives, qui ont donc grandi avec les écrans. Certains, comme Michel DESMURGET, neuroscientifique, démontrent que « la révolution numérique » serait une mécanique à fabriquer des « crétins digitaux » pour reprendre ses termes. Et d’autres, comme Michel SERRES, nous font remarquer que chaque révolution entraînant des déséquilibres, les jeunes sont alors dans l’obligation de réinventer de nouvelles manières de faire ensemble, de nouvelles façons de faire société et qu’il faut en tant qu’adulte aimant leur faire confiance.
Alors, Michel, on aimerait bien savoir, sans langue de bois, ce qui se passe dans le cerveau de nos petites têtes blondes et des jeunes que l’on accompagne. Peux-tu nous éclairer de manière très concrète sur les effets du numérique sur le cerveau des enfants ?
MD — Je précise d’abord que je ne suis pas neurophysiologiste mais pédopsychiatre : un psychothérapeute qui s’intéresse plus au fonctionnement psychique qu’au fonctionnement du cerveau. Même si des liens évidents existent entre les deux, je me méfie de la tendance croissante à réduire notre psychisme à de simples effets de la chimie et de la physique.
Sur la question des effets sur le cerveau, tout et son contraire a été dit et des polémiques plus que violentes se sont développées. Une part des malentendus provient de la confusion dans la dénomination des symptômes observés et du fait que l’on ne précise pas assez les tranches d’âge dont on parle en mettant en relief tel ou tel danger. Des observations relatives aux tout-petits ont provoqué des réactions qui concernent des enfants plus grands…
Je vais essayer d’être le plus clair possible.
Je ne peux pas esquiver la question des tout-petits, bien avant les âges des enfants concernés par l’ACE car c’est la source des pires discussions et aussi parce que des effets sur les tout-petits affecteront encore l’enfant devenu Perlins (6-8 ans), Fripounets (8-11ans), Triolos (11-13 ans) ou Top’ados (13-15 ans).
Des auteurs, dont le Pr D. MARCELLI, ont décrit un syndrome baptisé EPEE : syndrome d’exposition précoce excessive aux écrans. Je l’évoque, même s’il n’est pas reconnu sous cette forme par certains autres spécialistes.
Il s’agit d’exposition des enfants de 6 mois jusqu’à 3 ans qui, fréquemment, restent devant des écrans plusieurs heures par jour. Les cliniciens qui les ont observés relèvent des troubles de l’attention et des troubles de la relation avec des retards de langage. Leur agitation psychomotrice lorsqu’ils sont privés d’écrans contraste avec leur anormale passivité et immobilité devant leur écran. Je reste bref, 9 anomalies de développement et de comportements ont été décrites.
Le problème est lié au fait que devant un écran, capté/fasciné par le mouvement et les couleurs, l’enfant est passif, il ne peut interagir, faire des expériences de toucher, de mise à la bouche pour explorer le monde. Aucune pause pour élaborer une pensée, développer son imaginaire. Tout de déroule indépendamment de lui. Et, je dirais surtout, toute cette expérience de perception se fait sans appui ni commentaire de l’adulte. Or les progrès de tout petit enfant supposent l’interaction avec l’adulte. Et on ne mentionne même pas le fait que certains enfants laissés des heures durant sans présence humaine interactive peuvent être victimes de véritables carences relationnelles et affectives.
On a pu croire que l’exposition précoce à des écrans aurait une vertu éducative pour le développement de l’enfant. C’est le contraire qui se passe. Une étude canadienne montre que plus un enfant petit a été exposé aux écrans (il s’agissait essentiellement de TV) plus il va présenter des retards de langage.
Je précise, avant de passer à des effets sur les plus grands, que ce syndrome est ordinairement réversible dès lors que les parents réintroduisent de leur présence et de leur interaction à la place des écrans.
Chez les plus grands, les Perlins (6-8 ans) et encore en bonne partie les Fripounets (8-11 ans), on retrouve l’effet de captation/fascination des images, avec passivité et absence d’interactions. Un risque d’isolement social peut exister en cas d’excès, et cette passivité se fait au détriment d’expériences actives physiques et sociales. Les effets sont très différents lorsque l’interaction avec l’adulte reste possible, soit pendant l’usage de l’écran, soit ensuite pour en reparler ou créer des jeux inspirés de ce qui a été vu.
On a parlé de troubles du sommeil liés aux écrans… Cela peut concerner tous les âges, y compris l’adulte. Un article publié dans « Nature » en 2017 a montré que l’usage excessif le soir nuisait au sommeil. Il y a un abaissement de sa durée. On a évoqué pour l’expliquer une baisse de production de la Mélatonine, cette hormone qui favorise notre sommeil. Il faut rajouter que l’excitation produite par un jeu ou le stress provoqué par la vision d’images effrayantes peuvent générer des décharges d’adrénaline et nuire au sommeil.
Et, on va le dire, les tendances des 12-15 ans à utiliser leur smartphone la nuit contribue évidemment à leur manque de sommeil.
Enfin dans cette évocation des effets problématiques, qu’en est-il de l’addiction ? L’OMS vient, depuis l’an passé, de reconnaître une nouvelle pathologie qui se rajoute à la très officielle CIM (Classification internationale des maladies mentales) : les « troubles des jeux vidéo ». Là, comme pour toute addiction, on n’est plus dans le simple usage, ni même dans l’excès mais dans la dépendance. Cela ne touche qu’une minorité de sujets qui avaient des facteurs prédisposants. Marcel RUFO dit, à propos des adolescents, que ceux qui jouent plus de 4 heures par jour fuient pour ne pas affronter une fragilité. Le nombre est cependant en augmentation. Le service spécialisé dans les addictions des adolescents en Suisse notait il y a 10 ans 1 % des consultations liées aux écrans, ce chiffre est passé aujourd’hui à 30 %.
Pour en terminer avec ces points, retenons que quand on parle de risques, ils sont liés à des usages excessifs, abusifs et parfois avec des facteurs de risques préexistants, personnels et environnementaux pour l’enfant et l’adolescent.
L’usage correct, bien adapté à chaque âge, ne montre pas du tout que les écrans sont toxiques sur le cerveau.
ACE – Parfois, dans nos têtes, se crée une nébuleuse parce qu’en fait on se rend compte qu’on ne maîtrise pas du tout ce que vivent les jeunes derrière ou à travers leurs écrans. Peux-tu nous éclairer sur ce qu’ils y font et ce qui s’y joue ?
MD – Là encore, les chosent varient selon l’âge. Ce qui est certain, c’est que de plus en plus d’enfants, préadolescents et adolescents ont accès largement aux écrans et possèdent souvent leur propre écran et accès au numérique. Tous les chiffres et études de divers pays européens convergent. Voici quelques exemples de données chiffrées tirées d’études récentes de divers pays :
Enquête Suisse (Zurich) publiée en mars 2018 :
- Chez les 10-11 ans : 66 % possèdent un téléphone portable.
- Chez les 12-13 ans : 80 % en possèdent un.
Ils ont au moins une fois par semaine un usage des écrans pris sur les heures dédiées au sommeil. - Un jeune adolescent de 11 à 15 ans passe en moyenne devant un écran :
- 4,4 heures par jour en semaine,
- 7,4 heures par jour durant le week-end.
Une étude anglaise de l’Office of Communication de 2018 donne les chiffres suivants :
- 25 % soit un quart des 8-11 ans disposent d’un smartphone et d’un compte sur réseaux sociaux.
- 99 % des 12-15 ans surfent sur le Net où ils passent 21 heures par semaine, plus la télé : 14 h 30 par semaine.
- 83 % possèdent leur propre smartphone et 1 sur 2 a sa tablette personnelle.
Je cite enfin un chiffre français de 2019 qui est du même ordre :
86 % des 12-17 ans possèdent un smartphone.
L’accès aux écrans et au numérique est donc bien massif et de plus en plus répandu.
La question est, dès lors, qu’en font-ils ? Toute énumération sera incomplète tant est vaste le champ des possibles.
Les plus petits regardent des animations, des films et font quelques jeux sur consoles adaptées. Au fur et à mesure des années, ils jouent de plus en plus à divers jeux numériques, seuls puis à plusieurs. Mais ils acquièrent aussi progressivement le savoir-faire et le goût pour chercher des informations sur le Net et y trouver films et musiques. Cela commence chez les Fripounets et devient la norme chez les Triolos.
Avec l’arrivée de l’adolescence si marquée par l’importance des relations avec les pairs, les amis, on voit apparaitre divers types d’usages.
- Utilisation des téléphones pour converser avec les amis, réels ou virtuels : parler, échanger des SMS, des photos…
- Utilisation massive des réseaux sociaux pour s’afficher, poster des idées et des photos, être reconnu, compter ses amis, obtenir des « like », multiplier ses « followers » …
- Utilisation qu’on dirait « culturelle » pour télécharger des musiques ou des films.
- Utilisation pour des jeux, volontiers des jeux en ligne, parfois dans la durée et avec de nombreux participants.
- Ils savent aussi aller sur le Net pour obtenir des informations sur tous sujets, scolaires ou non.
On parle souvent des risques dans ces usages. Quels seraient-ils ?
- Risque d’usages abusifs excessifs dans leur durée ou empiétant sur des temps dévolus à d’autres activités au détriment de celles-ci. C’est aux parents et éducateurs de fixer et de faire respecter des limites raisonnables.
- Risques de cyber-harcèlement. Ce harcèlement numérique vient souvent redoubler et prolonger un harcèlement réel existant dans l’établissement scolaire.
- Risques de poster intempestivement des propos, photos ou vidéos dont la portée et les conséquences ne sont pas mesurées. Même retirés, ces éléments ont pu circuler partout et ne sont plus contrôlables.
- Risques de la découverte d’images pornographiques choquant un sujet trop jeune et lui donnant une idée déformée et malsaine de la sexualité. Dans ce domaine existe aussi le risque de rencontres en virtuel avec un « ami » qui s’avèrera être un pervers sexuel et qui peut inciter à des actes, vidéos et rencontres désastreux.
- Risques de découvrir et de tenir pour valides des idéologies plus que suspectes : complotistes, néonazies, terroristes par exemple. Cela touche surtout les grands adolescents, la plupart au-delà des âges concernés par l’ACE.
Mais il n’y a pas que des risques !
Les écrans, les consoles, le numérique sont, parmi d’autres, d’excellents moyens de détente, de loisirs. Ils permettent l’accès à des connaissances multiples en plus des accès classiques et académiques. Certains enfants deviennent de remarquables experts sur des sujets qui les passionnent dont ils ont acquis les connaissances par internet. Ce sont de formidables moyens de socialisation, en plus des liens sociaux dans la réalité ordinaire : par la multiplication des échanges entre les personnes et par des expériences de rencontres lors des jeux en ligne…
Et rappelons au plan scolaire l’importance de ces moyens pendant le premier confinement et encore aujourd’hui pour les lycéens. En temps habituel, l’usage du numérique prend, de plus en plus et dès la maternelle une place notable dans les apprentissages scolaires.
Cette vision plutôt positive et rassurante est confirmée par une récente étude de l’INJEP (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire) sur l’usage du numérique par les ados dans les colonies de vacances. Je cite quelques extraits des conclusions :
« Le numérique accompagne le quotidien des jeunes en colonie sans en changer les grandes lignes. Les usages numériques des jeunes en colonie […] ne concurrencent pas -ou très peu- la sociabilité des jeunes à l’intérieur de la colonie. Au contraire […] L’usage ordinaire concerne d’abord des pratiques culturelles […] et de sociabilité (échanges entre pairs). »
ACE – Nous analysons bien grâce à ton apport qu’il y a à la fois des effets négatifs et bien sûr des effets positifs aux usages des écrans. Tout n’est pas tout noir ou tout blanc. Comment en tant qu’adulte réagir face aux écrans ? Quelles règles, quels rituels peut-on mettre en place avec les enfants et les jeunes ? Comment se positionner ?
MD – On touche ici à un point fondamental.
Le numérique est là, on vient de le rappeler, de plus en plus présent dans la vie de nos enfants et adolescents. La fonction éducative de l’adulte est essentielle.
Pour que, selon l’âge, on indique les balises des usages des écrans et des abus.
Pour que l’interactivité avec l’adulte (parent, éducateur) se développe autour de, avec et grâce au numérique au lieu d’être annulée.
Rappelons quelques recommandations de certains spécialistes sur les limites et conditions d’usage pour les enfants.
Ainsi, Serge TISSERON a proposé le « 3,6,9,12 »
- Pas d’écran avant 3 ans.
- Pas de console de jeu avant 6 ans.
- Pas d’Internet seul avant 9 ans.
- Pas de réseau social avant 12 ans.
On évoque souvent aussi les 3 « pas » et même les 4 « pas » de Sabine DUFLO :
- Pas d’écran le matin.
- Pas d’écran pendant les repas.
- Pas d’écran le soir avant le coucher.
- Pas d’écran dans la chambre.
Pour moi, ce sont des repères qui peuvent aider à prendre nos décisions d’adultes. Il ne s’agit pas de les recevoir de façon rigide.
Avant 3 ans, il peut y avoir occasionnellement de courtes périodes d’écran (15 minutes par exemple) avec accompagnement et commentaires de l’adulte.
Dans les 4 « pas », si j’insiste aussi avec force sur les deux centraux (pas pendant les repas, pas le soir avant le coucher pour les enfants), je relativise le premier car il est des contextes, notamment hors temps d’école, où chez un jeune enfant, l’accès à l’écran le matin n’est pas gravement préjudiciable. Mais je rappelle tout de même qu’un usage intense juste avant le départ en classe peut nuire à l’attention matinale aux activités scolaires.
Essentiellement, à tous les âges, il est important que l’adulte référent s’intéresse aux jeux pratiqués et images vues par les enfants et en parlent avec eux.
Que les adultes cessent de se plaindre qu’ils ne comprennent rien au numérique pratiqué par les enfants et adolescents s’ils ne s’y intéressent pas.
D’innombrables travaux concernant les enfants, y compris les plus jeunes, insistent sur l’intérêt du numérique à condition qu’il s’inscrive dans l’interaction avec les parents. L’écran et les vidéos doivent pouvoir être utilisés comme un objet tiers qui permet à la relation enfant-parent ou enfant-éducateur de s’enrichir.
Chez les plus grands, les jeunes adolescents, les usages et échanges par le numérique sont volontiers vus comme des territoires réservés. Toute immixtion de force des adultes est alors vue comme une violation de l’intime.
Il s’agit plutôt de montrer à toute occasion qu’on s’intéresse aux découvertes faites, aux musiques écoutées, aux amis virtuels rencontrés, aux jeux pratiqués pour permettre de fructueux échanges. Voyez alors comme ils sont fiers de nous faire découvrir leurs propres découvertes, de tenter de nous faire aimer leurs jeux et leurs musiques…
C’est alors l’occasion pour l’adulte de jouer son rôle d’éducateur :
- Montrer qu’il faut apprendre à mettre en question les affirmations postées sur le Net et ne pas les prendre d’emblée comme des vérités établies ;
- Rappeler qu’on ne doit pas poster à la légère car « sur Internet un jour, sur Internet toujours » …
Ainsi, parce que le dialogue à propos du numérique est devenu « normal », des échanges pourraient mieux avoir lieu lorsqu’ont été découverts des images choquantes ou des propos perturbants…
C’est aussi une occasion pour nous, adultes référents, de nous interroger sur la place que nous accordons nous-mêmes au numérique dans nos vies. Comment mettre en garde enfants et adolescents sur les abus d’usages lorsqu’on ne peut pas se passer des écrans, y compris pendant les repas ?
ACE — Quelles sont donc les alternatives aux écrans ? Comment réussir à donner envie aux enfants et aux jeunes d’appuyer sur « off » ?
MD — Avant de répondre à cette question importante, je veux rappeler que la démarche ne repose pas sur une diabolisation des écrans ou du numérique vis-à-vis desquels il faudrait absolument opposer autre chose.
Mais, dans la mesure où il y a un formidable pouvoir de captation de l’attention des enfants qui risque de prendre du temps au détriment d’autres activités essentielles au développement, il est sain que les éducateurs adultes sachent à certains moments opportuns proposer des activités alternatives tout aussi mobilisatrices ou passionnantes.
Pour moi, comme je l’avais écrit dans un petit texte pour l’ACE, je m’appuie beaucoup sur l’expérience vécue avec des enfants accueillis, avec leurs parents, pendant les vacances dans une petite maison en pleine nature d’une vallée du Lot. L’accès à Internet y est très difficile et je propose qu’on laisse, sauf pendant le temps calme d’après le déjeuner, les jeux sur tablettes. Mais je m’emploie à faire découvrir aux enfants accueillis les intérêts et beautés naturelles du cadre dans lequel nous sommes et les activités de plein air que l’on peut y pratiquer :
La rivière où l’on peut naviguer en canoë ou kayak, se baigner, plonger mais qui, le calme revenu, révèle ses canards sauvages, hérons, martins-pêcheurs libellules et ragondins. Et les galets translucides ou brillants de mica recueillis au fond nous parlent des terrains traversés en amont.
Les falaises somptueuses, bariolées d’ocre, qui encadrent ici la vallée, où nichent rapaces diurnes et nocturnes et qui offrent aussi des voies d’initiation à l’escalade.
Les grottes innombrables qui sont, avec l’équipement nécessaire, des terrains d’exploration, de découverte des beautés du monde souterrain et, parfois, une initiation à la préhistoire.
Et sur le causse d’en face, de nuit, avec l’opportunité de croiser chevreuils, lièvres ou renards, c’est la découverte du cosmos, fascinant, grandiose. On y voit des millions d’étoiles jamais observables dans un ciel urbain pollué par les lumières. On compte les étoiles filantes, on identifie les constellations, on découvre avec un petit télescope Jupiter et ses 4 principaux satellites ou Saturne et ses anneaux.
« C’est comme dans les livres ! Et là je le vois « en vrai ! ». On pourra revenir demain soir ? ».
L’été dernier, en prime, en se retournant vers le Nord, il y avait le spectacle rare d’une belle comète.
La vie quotidienne à la maison est « à l’ancienne », cuisine au feu de bois dans la grande cheminée. Chacun se fait un plaisir d’apprendre à préparer, allumer et entretenir le feu. À la veillée, on observe paisiblement ses dernières flammes.
Je rajoute que nombre d’activités de bricolages et de travail du bois sont possibles, au goût de chacun. On peut même s’initier au tour à bois.
Alors, je peux témoigner que tablettes et écrans sont vite oubliés. Il y a dans la pièce commune une télévision qui peut capter le satellite grâce à sa parabole. Jamais il ne m’est demandé de l’allumer.
Voilà un exemple d’expériences enrichissantes alternatives au numérique. Mais ne me faites pas dire qu’il suffit de proposer « la nature » plutôt que les écrans. C’est, là encore, l’interaction enfant-adulte qui est porteuse et non la seule nature en soi. Donner de l’argent pour qu’un enfant aille au Musée d’histoire naturelle aura toujours moins de valeur que de prendre le temps, avec lui, de reconnaître un insecte dans la nature ou de se pencher ensemble dans la garrigue pour identifier du thym sauvage.
Comme me l’a dit Geoffrey, 10 ans, lors d’un trajet en voiture où je lui montrais des particularités naturelles des endroits traversés :
« Ça, on pourrait l’apprendre en classe, mais à l’école, je m’ennuie. Avec toi, c’est toujours intéressant ! Et je suis sûr que je me souviendrai de tout ! ».
Ce qu’il faut retenir de ce propos, c’est « avec toi ».
En conclusion :
Que ce soit autour des écrans et du numérique ou pour des activités alternatives, l’important est toujours de trouver la juste place dans la relation enfant-adulte et adolescent-adulte.
L’intervenant : Michel DAMADE
Pédopsychiatre en situation de retraite, Michel DAMADE a fait ses études de médecine à Bordeaux dans les années 1960. Après un parcours en pédiatrie, il s’est orienté vers la psychiatrie pour privilégier un travail sur les troubles psychiques des jeunes, enfants, adolescents et jeunes adultes.
Michel DAMADE a également été responsable local d’un groupe de « Cœurs Vaillants » dans ses jeunes années, puis engagé en ACE dont il a été pendant plusieurs années responsable diocésain à Bordeaux.
Aujourd’hui, il continue d’apporter son aide à des enfants et adolescents comme psychothérapeute et, dans des cadres associatifs, il contribue à la sensibilisation des adultes – parents, enseignants, animateurs – qui entourent les enfants et adolescents sur les besoins fondamentaux des jeunes et leur rôle d’adultes. Il insiste toujours sur le respect à avoir vis-à-vis des expressions des enfants et sur la place centrale du jeu dans leur développement.