« On est venus pour parler de nos droits ! »
C’est ainsi que Seriba, petit triolo de 12 ans d’un club de Nantes, explique le grand voyage qui l’a mené à Paris avec ses 7 copains. Comme une cinquantaine d’enfants, d’adolescents et de jeunes majeurs, venus des quatre coins de la France métropolitaine, de diverses organisations (associations, syndicats, collectifs) actives dans tous les domaines de l’enfance (santé, éducation, justice, accompagnement des parents…), il a participé mercredi 27 avril à une journée consacrée aux droits de l’enfant organisée par le collectif AEDE (Agir Ensemble pour les Droits de l’Enfant).
C’est ainsi que Sériba, avec Mina, 11 ans, Kandjoura, 11 ans, Karemba, 12 ans, Lijea, 14 ans, Fedlyne, 12 ans, Isis, 12 ans et Grâce, 9 ans, mais aussi Maria, responsable de club, et Sandrine, maman de Mina, ont pris le train de Nantes, bravant les grèves et le froid du petit matin ce mardi 26 avril pour rejoindre Paris et aller poser leurs valises au cœur du 5e arrondissement, dans la vaste maison d’accueil du père Guérin, rue Jean-de-Beauvais. Dans leur valise, ils avaient apporté un peu de la vie des copains, un peu de leurs sourires et de leurs envies dans un gros classeur tout coloré, qui racontait l’ensemble des actions menées chez eux : repas solidaires, sorties et voyages, débats et fêtes, etc.
A Paris, les enfants ont commencé par une après-midi de randonnée dans les rues de Paris. Une courte visite dans les jardins de la tour Eiffel, un long périple sous la neige en bateau-mouche suivi d’une grande marche sur les Champs-Elysées ont achevé d’épuiser la troupe qui a fini la journée en partageant un repas pas très gastronomique rue Jean-de-Beauvais.
Le lendemain, après une séance d’échanges avec Agnès Willaume, chargée de communication de l’ACE, autour du rôle du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies qui a auditionné la France les 13 et 14 janvier derniers, les enfants se sont mis en route pour la maison des Francas, rue Tolain, qui accueillait la rencontre.
Depuis quelques semaines, en lien avec le collectif, Seriba et ses copains ont essayé de se familiariser avec leurs droits pour vaincre les obstacles du quotidien qu’ils connaissent bien : discrimination, harcèlement, violences et bien souvent invisibilité ! Ce sont ces questions qui ont été travaillées, d’abord en ateliers d’une dizaine d’enfants animés par un membre du collectif. Les enfants de l’ACE ont eu la chance de participer à l’atelier de rencontre en petit comité avec Jorge Cardona et Hynd Ayoubi Idrissi, rapporteurs pour la France au Comité des Droits de l’Enfant.
Geneviève Avenard, Défenseure des enfants et Marie Derain, conseillère pour les droits de l’enfant auprès de Laurence Rossignol se sont également glissées dans l’assistance pour entendre les paroles d’enfants.
Connaissance de la CIDE, droit de participation et d’expression, lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement, égalité filles/garçons : chacun a pu exprimer son vécu et ses difficultés et faire remonter les expériences des copains. C’est l’occasion pour les jeunes de se mettre à l’écoute mais aussi de proposer des solutions. Les enfants aboutissent ainsi à des propositions concrètes pour faire changer les choses. Contre le harcèlement par exemple : mieux faire connaître les numéros d’écoute, sensibiliser le plus grand nombre en classe et ailleurs aux conséquences du harcèlement, dégager du temps au collège pour discuter librement, former enfants ET parents aux dangers des réseaux sociaux…
« Parmi les choses qu’exige avec insistance le Comité, le développement d’une éducation à la non-violence est essentiel »
rebondit Hynd Ayoubi Idrissi lors de la reprise en pleinière.
Depuis 2015, AEDE renforce ses actions en faveur de la participation des plus jeunes grâce à un réseau national d’enfants qui recueille et donne écho à leur réflexion collective. Cette journée a été l’occasion de mettre en lumière les fruits de ces cogitations.
Les rapporteurs se sont laissé interpeller par les questions et les propositions de tous les enfants pendant un riche moment de dialogue. Parler des droits de l’enfant au JT de 20h pour sensibiliser le grand public, afficher dans les classes l’article 12 de la CIDE garantissant à l’enfant le droit de s’exprimer et d’avoir un impact sur toute question qui le concerne, inverser un jour par an les rôles des filles et des garçons pour sensibiliser à l’égalité… Les enfants ne manquent pas d’idées et n’ont pas fini de nourrir le plaidoyer du collectif qui envisage d’ores et déjà la rédaction d’un livre blanc pour une plus grande prise en considération du point de vue des enfants dans la campagne présidentielle ! Car, comme le souligne le sage Maxence, 12 ans : « Ce n’est pas parce qu’on est petit qu’on ne peut pas donner son avis ! »
Pour nos petits nantais, l’aventure s’est terminée dans le train du retour mais elle ne sera pas sans suite : ils repartent plus forts et déterminés à faire connaître leurs droits parce qu’ils savent maintenant qu’ils peuvent se faire entendre !