Journée mondiale du refus de la misère : après-midi ludique et constructif pour les enfants du club ACE de Vitrolles (13).

Chaque année, l’ACE qui est membre du collectif « Refuser la misère » participe à l’organisation de la journée mondiale du refus de la misère et à l’élaboration d’un kit pédagogique à destination des enfants et adolescents de 6 à 14 ans. C’est ainsi que les enfants du club de Vitrolles ont vécu, en lien avec d’autres associations locales, une belle après-midi de sensibilisation ce 19 octobre, à travers des activités ludiques et créatives dans une ambiance fraternelle et festive.

Sensibiliser les enfants à la pauvreté : une démarche annuelle incontournable.

Le thème de la journée mondiale retenu cette année était « La dignité en action : engageons-nous pour la justice, la paix et la planète ! ». Lucette Pluquet, responsable du club de Vitrolles, a particulièrement apprécié le kit pour la grande diversité des activités qu’il intègre. Un outil précieux au service des parents, enseignants, animateurs et éducateurs ! Plusieurs pistes d’action sont proposées à travers le jeu et les découvertes : lutter contre la misère en tant que telle, du fait du manque de moyens financiers et matériels, contre l’injustice subie par beaucoup de familles en situation de grande pauvreté et bien sûr pour la sauvegarde de la planète.

« Cela fait déjà plusieurs années que nous participons à cette journée. A l’époque il y avait une équipe ATD Quart Monde sur Vitrolles qui faisait aussi la bibliothèque de rue et qui organisait l’évènement. Mais l’équipe est aujourd’hui réduite, et ne pouvait plus le faire. Nous avions trouvé dommage de ne pas poursuivre cette action au niveau de l’ACE, d’autant que nationalement, nous sommes associés à la démarche d’ATD » raconte Lucette.

C’est ainsi que le club ACE de Vitrolles s’est associé à l’AVES (Association vitrollaise pour l’animation et la gestion des équipements sociaux), les centres de loisirs qui regroupent des enfants de tous âges et l’antenne Oxygène, qui s’occupe des familles pour organiser ensemble cette belle journée de sensibilisation.

Des activités ludiques pour permettre à l’enfant de s’exprimer, de proposer et d’agir sur des sujets essentiels.

Le collectif ainsi créé s’organise et se réunit les mercredis pour sensibiliser les enfants et préparer la journée en amont. L’équipe de coordination utilise un questionnaire tiré du livret Astrapi « Stop aux idées fausses sur la pauvreté », conçu pour aider les enfants à mieux comprendre ce qu’est la pauvreté et les engager à lutter contre les idées fausses sur les personnes pauvres dans de nombreux domaines.

On y trouve par exemple la question « Pourquoi y a-t-il des sans-abris ? », illustrée par des dessins de personnes sans-abri portant des pancartes du type : « J’ai quitté mon pays pour faire la guerre » ou encore « j’ai des graves problèmes dans la tête ». Les enfants des groupes présents ont pu réfléchir, s’exprimer librement et débattre de ces situations. Certains les comprennent, d’autres suggèrent que les sans-abris pourraient être aidés. A l’issue de cette séance, les enfants ont eu l’idée de dessiner un toit, une maison, une tente pour ces personnes.

« Pour une famille avec une petite fille, ils ont dessiné une table, des chaises, un frigidaire, une poupée pour la petite. Pour une personne assise par terre, un enfant rajoute un tabouret. Et dans chaque dessin, il y a un petit billet. Ces détails m’ont particulièrement touchée, » témoigne Lucette Pluquet.

Après ces étapes de sensibilisation les membres des 3 groupes ont été invités à apprendre aux enfants la chanson des Enfantastiques : « Y en a assez pour tout le monde ! »,

D’ailleurs, lors de la rencontre du 19 octobre, la première démarche du collectif réuni a été de chanter cette chanson ensemble, avant de mettre en place le jeu du compte rendu proposé dans le livret ASTRAPI.

Inégalités, précarité, pauvreté, misère : des situations qui font réagir les enfants.

Trois histoires ont été proposées aux enfants : « Loïc a du mal à réussir à l’école », « Le père de Samy n’a pas de travail » et « Lia habite à l’hôtel ». Lucette a projeté chaque histoire sous forme de diaporama et puis regroupé les enfants par table avec la même histoire mais découpée en pièces de puzzle.

« Il fallait reconstituer l’histoire et permettre aux enfants ensuite de s’exprimer. En tant qu’adultes, nous n’avions pas à prendre parti pour dire « c’est bien » ou « ce n’est pas bien ». L’adulte n’a pas à réagir, il peut poser des questions mais doit rester en retrait pour permettre l’expression des enfants » souligne Lucette.

Les enfants ont ensuite été invités à expliquer ce qu’ils avaient compris des récits et à partager leurs réactions :

Le père de Samy n’a pas de travail

  • « Samy ne doit pas avoir honte parce que son père va bientôt retrouver du travail. »
  • « Samy pense que son père n’a pas de travail, mais il est cuisinier. »
  • « Samy est énervé parce que son père ne peut pas lui acheter les baskets parce que c’est dur en ce moment. Mais accepte de jouer au ballon. »
  • « Il ne faut pas que Samy se plaigne de ses chaussures car il vaut mieux acheter à manger. »

  • « Ce n’est pas de la faute du papa de Samy s’il est au chômage. »
  • « Samy est triste car papa est chômeur. Il veut une paire de baskets car les siennes ne sont pas belles. Comme il n’a pas beaucoup d’argent, Samy doit garder ses vieilles baskets. »
  • « Le père de Samy était cuisinier et il a perdu son travail, et il a du mal à en trouver. Quand Samy a vu les nouvelles baskets, il veut que son père en achète, mais son père lui dit qu’elles sont très chères et il ne peut pas lui acheter. Puis ils vont jouer au ballon. »


Lia habite à l’hôtel

  • « Je pense au chat. »
  • « Il y a discrimination à cause du mot SDF : c’est Lia, parce qu’elle vit dans un hôtel je pense. »
  • « Lia et Zoé sont copines, elles sont ensemble, oui c’est bien. »
  • « Ca fait rien de vivre dans un hôtel. »
  • « C’est triste parce qu’ils n’ont pas de chambre ni de cuisine. »
  • « C’est pas gentil de ne pas jouer avec elle. »
  • « Zoé propose un chat à sa copine Lia, sa maman ne veut pas et ça fait de la peine, c’est mignon un chat ! »

  • « Le frère de Lia fait des gribouillis et elle le dit à sa maman, elle a dessiné sa chambre de rêve et moi j’ai une chambre de rêve dans ma tête. »
  • « Elle a pas à avoir honte, ça va pas durer, cela va s’améliorer. »
  • « Elle sort de l’hôtel et elle ne voulait pas être vue. »
  • « Ce n’est pas normal de vivre dans une pièce à l’hôtel, c’est petit. Ils devraient avoir honte de se moquer de Lia. Moi je l’aurais prise pour jouer et je l’aurais pas laissée toute seule. »


Loïc a du mal à réussir à l’école

  • « C’est vrai ou faux ? » ; « c’est triste » ; « c’est bien »
  • « C’est pas bien car il apprend la poésie, il s’occupe de ses sœurs, il arrive pas trop bien à lire, sa maman travaille. »
  • « Loïc a du mal pour se réveiller, il n’avait pas révisé, il dit au revoir à ses sœurs. Il bégaie, il hésite, il ne sait pas sa leçon.

  • La maîtresse fait un marché avec lui pour qu’il travaille, il n’a pas envie – oui je vais essayer de travailler »
  • « Il est fatigué Loïc, n’a pas envie d’aller à l’école, il est content d’être débarrassé de ses sœurs. »
  • « Le problème : ses sœurs, et la poésie qu’il n’a pas apprise, il se fait une petite honte » ; « il est timide, les élèves rient de lui ! »
  • « La maîtresse lui dit de faire les devoirs avec elle à midi. »

Cette journée du 19 novembre a aussi été l’occasion pour les enfants de tous âges de participer à d’autres jeux thématiques : jeu de la banquise (solidarité), coloriage sur les droits de l’enfant, jeu des bâtisseurs (paix).

Un coin exposition a également été mis en place avec un atelier de récupération des œuvres de l’ACE pour sensibiliser à l’environnement.

La rencontre s’est terminée par la reprise du chant « Y en a assez pour tout le monde, il suffirait de partager sur notre planète ronde ».

L’ACE est particulièrement sensible aux questions liées à la pauvreté, qui touche majoritairement les familles avec enfants. En effet, un enfant sur cinq vit sous le seuil de la pauvreté en France, avec près de 3 millions d’enfants en situation de pauvreté (INSEE).

◀︎ Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD Quart Monde, et Patrick Raymond président de la Fédération nationale de l’Action Catholique des Enfants sur le Parvis des droits de l’homme lors de la Journée mondiale du refus de la misère le 17 octobre dernier à Paris.

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