Zoom sur le Grand Est confiné

On l’entend beaucoup, le Grand Est a été touché de plein fouet par le virus, paralysant l’ensemble de la population depuis des semaines. Et pourtant, derrière les portes closes, la vie continue. Zoom sur une rencontre virtuelle de responsables ACE qui tentent de résister au confinement chacune à leur manière…

Ella a partagé la photo de son 9e anniversaire avec ses copains et copines du club qui lui manquent beaucoup !

Bernadette est la présidente de l’AD. Ce sont ses petits-enfants, en direct d’Auxerre, qui l’ont aidée, pas à pas, à rejoindre la rencontre Zoom du jour. Pour elle, c’est très dur moralement d’être confinée toute seule, elle qui a l’habitude de toujours courir par monts et par vaux. « Bien sûr, je passe des coups de fil régulièrement mais c’est vraiment une situation qu’il faut s’approprier ! Les enfants me manquent, mes enfants me manquent… » Elle a pris des nouvelles des parents de l’ACE mais n’a eu qu’une seule réponse à son SMS. Elle est notamment sans nouvelles de trois familles africaines qui vivent en cité près de chez elle et ça la soucie. Elle redoute aussi la deuxième vague et préfère ne pas penser à l’après-11 mai.

Carmela n’est pas sortie de chez elle depuis le début du confinement mais ça se passe bien puisque, comme la plupart des habitants de son village, elle habite une maison avec jardin. Pour autant, elle ne reste pas les doigts de pieds en éventail ! Sa mission auprès des personnes qui ont fait leur communion ou été confirmés ne s’est pas interrompue avec la crise. De nombreux projets ont été lancés : une collecte de denrées alimentaires en partenariat avec l’association musulmane locale à destination de familles en précarité de la cité voisine, une collecte de dessins et de lettres pour l’EPHAD, une mini-formation en ligne des futurs animateurs de clubs… Pour rester en lien, elle a aussi créé un groupe WhatsApp sur lequel les familles de l’ACE peuvent échanger. Ca a même permis à certains parents de faire connaissance : « j’ai demandé à tous les participants d’envoyer une photo d’eux avec leur enfant et ils ont tous joué le jeu ! », se réjouit Carmela. Depuis, elle envoie régulièrement des activités pour petits et grands. Mieux encore, quand il y a un anniversaire, l’enfant fait une photo de lui avec le gâteau et les copains peuvent lui répondre par un message vocal ou écrit, pour que ça reste une fête.

La vie de Michèle, animatrice en pastorale de l’enfance, a changé elle aussi puisque toutes les rencontres pastorales sont en stand-by, ce qui lui laisse le temps de donner un coup de main pour la traite des vaches laitières à son conjoint agriculteur. Elle reste en lien avec les enfants de l’ACE de ses clubs qui ont eux aussi transmis dessins, photos et vidéo pour les résidents d’une maison de retraite. Mais surtout, avec d’autres, elle a lancé un nouveau projet spécial confinement qui lui tient à cœur : un clip vidéo dans lequel apparaitront tous les paroissiens. Inspiré directement du défi « meilleur qu’hier » lancé par Monsieur Truc. Évidemment l’ACE est concernée ! Dès cette fin de semaine, tous seront invités à se filmer chez eux en situation de confinement et tous ces petits morceaux de quotidien seront assemblés et montés par un paroissien de chez lui. L’objectif est double : maintenir et enrichir les liens entre les membres de la paroisse mais aussi mettre en lumière tout ce qui se vit de beau pendant le confinement au sein des familles.

Clotilde, qui confessait avec humour n’avoir pas été chez le coiffeur depuis 5 mois mais avoir spécialement sorti les bigoudi pour l’occasion, n’arrivera jamais à rejoindre la conversation et devra se contenter d’écouter et d’écrire de temps en temps. En arrêt depuis plusieurs mois suite à un accident de voiture, elle était prête depuis 11h du matin pour le zoom de 14h, parce que « le reste pouvait bien attendre » ! « Moi ça fait si longtemps que je suis confinée que j’ai peur de sortir de chez moi », raconte Clotilde. Commerces et hôpitaux sont à plus de 50km de chez elle. Même les séances de kiné se sont arrêtées avec le confinement. Elle a l’impression d’être « en dehors du coup » depuis le temps qu’elle est assignée à résidence. Parce que c’est aussi ça la réalité des campagnes : l’isolement géographique et informatique avec encore beaucoup de villages en zones blanches ou bien mal desservis par les fournisseurs d’accès à internet. Plus de nouvelles de la paroisse qui n’est pas du tout connectée et absente des réseaux sociaux. Pourtant Clotilde aimerait bien reprendre sa mission dédiée à la petite enfance et aux servants d’autel. Pour l’ACE, elle a passé les rennes à Laurence, qui gère bien le club. Elle a pu y retourner une fois avant le confinement, mais depuis elle a lâché. Reste l’espace, la nature, et les œufs de ses poules que les voisins viennent lui réquisitionner !

Il y a encore beaucoup d’autres responsables qui n’ont pu se rendre présentes cette semaine mais pour qui le lien avec le mouvement reste important dans la période. Emmanuelle, Catherine, Blandine, Sandrine, Valérie, Annick qui vont à la pêche aux nouvelles des enfants par mail, par téléphone… Elles non plus ne baissent pas les bras, même si les réponses tardent parfois à venir. Christine, Nathalie et Rachel qui devaient démarrer un club à Rombas et à Moyeuvre, coupées dans leur élan. Et même Camille, la fille de Christine, qui a participé au dernier Zoom et confié que ses amis lui manquaient tant…

Pour toutes, le déconfinement semble un peu irréel encore. « On a vécu des choses tellement difficiles dans le Grand Est, les gens sont très meurtris. Le virus était partout. Beaucoup d’enfants ont été confrontés à la maladie ou à la mort d’un papi ou d’une mamie », témoigne Mireille, qui fédère un peu l’ensemble des retours du terrain sur le département. Elle non plus n’a pas revu les enfants mais quelque fois, elle voit passer des mamans des familles de réfugiés de son club devant sa porte. Ils s’arrêtent pour échanger à distance quelques minutes, parler du confinement, si dur à vivre en hôtel, sans connexion internet, même s’il n’y a pas encore de malades. Mireille a lancé un défi à une des jeunes filles qui y habite : récolter la parole de tous les enfants de l’hôtel ! D’ici là, Mireille leur prépare des sachets de douceurs, elle active ses réseaux pour leur fournir une imprimante… Il y aurait tant à faire ! Difficile en tout cas d’imaginer reprendre les clubs avant la rentrée de septembre. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir assez d’animateurs pour se retrouver en mini-groupes, en plusieurs fois. A cela s’ajoute pour Clotilde le changement de municipalité qui va demander une reconstruction des liens avec la mairie et la vente en cours des locaux où se réunissait le club. En attendant, Mireille retrouve le sien sur Zoom tous les mercredi à 15h10 précises – « Parce ça s’est réglé comme ça ! » – et les enfants qui le peuvent sont fidèles au poste !


Qu’en sera-t-il des camps ? Faudra-t-il inventer des colonies en ligne comme cela se prépare déjà ailleurs ? Pas de doute que Mireille et ses drôles de dames ne manqueront pas d’idées…

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