Coronavirus : « Ce sont les parents qui gèrent ! »

Il y a quelques jours, nous avons appris avec stupéfaction la fermeture des écoles et de la plupart des structures d’accueil collectif de mineurs des enfants. Depuis quelques semaines déjà, nous sentons bien monter une forme d’inquiétude quand les gens font des ravitaillements géants dans les supermarchés, quand nous croisons chaque jour un peu plus de personnes masquées dans les transports, quand les recommandations d’hygiènes deviennent omniprésentes. Toutes ces informations peuvent être particulièrement anxiogènes pour les plus petits dont le quotidien est sur le point de changer brutalement, de l’école à la maison, avec toutes les difficultés que cette situation entrainera pour bien des parents. Alors comment rassurer les enfants, tout en les maintenant informés de la réalité de la situation ?

Pour Dominique Mazin-Prieur, psychologue-clinicienne, l’important est de garder son sang-froid.

Les enfants sont déjà informés. Trop, c’est évident, mal, c’est évident aussi. Mais puisqu’ils sont au courant, ils doivent avant tout entendre que, s’il  y a effectivement un problème ce sont leurs parents qui gèrent ! Les parents doivent jouer les protecteurs « tout-puissants » d’une certaine manière. Je me souviens d’un reportage dans lequel on voyait une mère en Israël, sous les bombes, rassurant ses enfants en leur disant : « Mais non, ne vous en faîtes pas, ce n’est rien, je suis là, nous sommes à l’abri, les bombes ne peuvent pas nous atteindre ici ». Sa parole et son assurance avaient un pouvoir quasi magique et surtout efficace pour rassurer ses enfants dans ce contexte apocalyptique.

Si l’enfant sent ses parents trop angoissés, il va penser qu’il faut qu’il agisse, lui. Or il ne saura que faire, se sentira impuissant, et développera de l’angoisse. Protéger, agir, c’est le rôle des adultes, et c’est cette confiance en ses parents qui va rassurer l’enfant.

Dans notre situation, pour aider les enfants à relativiser le flot d’informations qu’ils reçoivent, il est nécessaire de critiquer, commenter ce qu’il entendent, montrer que ce n’est que partiel, réducteur, incomplet.  Leur faire prendre du recul aidera à apaiser leurs craintes.

Pour les plus grands, il faut en plus s’appuyer sur un  « tiers » protecteur : la loi, les dirigeants, les médecins… Quand il y a le feu, papa peut m’aider à sortir de la maison mais je sais aussi que je peux compter sur les pompiers, ce fameux tiers. Les aînés ont conscience de ne pas seulement faire partie d’une famille mais d’appartenir à un cadre plus grand, présenté comme supérieur qu’est la société. Quand le jeune comprend que le problème  dépasse les parents, ce qui va le rassurer c’est de voir qu’il y a une instance plus importante qui gère. Cette société, représentée ici par les médecins, a pour rôle de donner des solutions telles que les mesures d’hygiène proposées à tous : elle sait ce qu’il faut faire pour éviter de tomber malade. Là encore, ce n’est pas l’enfant qui doit gérer, mais on le guide, on lui dit quoi faire: se laver les mains par exemple…

En bref, si les enfants sentent que nous, adultes, maitrisons la situation, ils seront sereins.

Dominique Mazin-Prieur est psychologue clinicienne et psychothérapeute auprès d’enfants et d’adolescents et intervient régulièrement pour l’Action catholique des enfants.

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